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23 Janvier 2025
Ce n'est pas faire offense à jean françois kahn de le présenter comme une sorte de baladin de l'information. Sa figure joviale a rempli les écrans de télévision depuis les années 70.
Il commença sa carrière comme grand reporter pour le Monde et l'express en Algérie et au Vietnam. A cette époque ,le journalisme s'apprenait sur le terrain . Il avait une licence d'histoire. Il fut à l'origine de la découverte de l'affaire Ben Barka avec jacques Derogy. Je l'ai découvert sur Europe 1 dans les années 70 où il présentait le journal de 8 heures. C'était d'abord une voix . puis une présence sur le plateau de droit de réponse. Une certaine liberté de ton dégagée des dogmes idéologiques de droite et de gauche. Une prouesse à une époque où on sortait à peine du programme commun , du stalinisme et des dictatures sud américaines. Il incarnait avec philippe Tesson pour qui il travailla pour les nouvelles littéraires un journalisme à la française plein de panache. Il fonda l'évènement du jeudi puis Marianne . Deux journaux qui incarnèrent une troisième voie moins dogmatique. C'était en quelque sorte un centriste révolutionaire. Ce n'est sans doute pas fortuit si le premier ministre lui rend hommage aujourd'hui. Un temps ,Kahn fut député européen tendance Bayrou. Il s'est toujours revendiqué de gauche .Mais sa liberté de ton a fini par le conduire dans une impasse idéologique. Sans doute la destinée du centre absolu. Son dérapage à propos de l'affaire Strauss Kahn a montré que nous avions changé d'époque. Fini les emportements tous azimuts. Les mots doivent être pesés au regard de l'histoire et de l'évolution de la société. Au royaume de la communication , la passion n'est pas toujours comprise. On lui préfère la provocation avec des arrières pensées politiques. On ne peut plus tout dire aujourd'hui car tout le monde dit tout et n'importe quoi. Avec le départ de Kahn ,on regrette un peu le temps du débat. Même avec ses approximations. C'était le temps d'Apostrophes ,des dossiers de l'Ecran et du quotidien de Paris. Un temps où on avait le temps. Je l'ai croisé plusieurs fois au salon du livre de Granville où il avait ses attaches comme laurent Joffrin. Il écrivait un livre par an. Il écrivait aussi vite qu'il parlait. Sans arrières pensées. Son côté XVIII ème siècle nous manquera comme ses fous rires.
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