La vie politique: l'impossible réforme

Deux faits politiques marquent la semaine politique et ils illustrent à leur manière les tabous ou les blocages de la société française. Ou pour être plus optimiste une certaine difficulté à voir la réalité en face.

Il s'agit de la grève à Air France et de l'élection de 179 sénateurs ce dimanche.

Les mots ont leur importance et ils ont souvent valeur de symbole. Des symboles qui agrémentent souvent les conversations quotidiennes.

La réforme impossible mais de quelle réforme s'agit-il  ?

Dans le cas du conflit à Air France, on a évoqué les termes galvaudés de réforme et d'adaptation au monde moderne, en l'occurence la mondialisation et ses impératifs de productivité. Dans le cas d'Air France, la réforme ne concerne pas des ouvriers "illettrés" (pour reprendre une expression recemment utilisée par le ministre de l'économie) mais un personnel qualifié bénéficiant d'avantages non négligeables.

La mondialisation touche donc aussi les plus nantis. Dans son aveuglement productiviste, elle bouscule l'ordre établi. Mais dans quel sens et dans quel but ?

Pour aider les classes moyennes afin qu'elle puisse prendre plus facilement les transports aériens? Rien n'est moins sûr.  La guerre qui sévit entre transporteurs sert sans doute les actionnaires qui veulent rentabiliser leurs placements. La réforme que l'on met à toute les sauces est au service de l'économie financière. Cette économie décervelée qui ne saurait remplacer une stratégie claire dans un secteur important de l'économie. Le conflit à Air France met en évidence une fois de plus l'incapacité française en matière de dialogue social. Le conflit enfonce le clou  et plombe l'atmosphère médiatique déjà sinistre.

Le sénat, une institution menacée?

C'est dans l'indifférence populaire, que le sénat va renouveler une partie de ses membres.

Historiquement, le sénat a souvent été un frein aux aspirations populaires. Sous la 3ème république, il s'est opposé au droit de vote des femmes. 

Au moment où on réduit les régions et où l'on s'interroge sur notre organisation territoriale, faut-il garder le sénat ? 

Jean-luc Mélenchon, ancien sénateur, évoque souvent la 6ème république mais ne parle jamais de la suppression du sénat. Ce n'est pas son compère Pierre Laurent, également sénateur, qui le démentira.

C'est le paradoxe français. Révolutionnaires dans l'âme, les hommes politiques, de droite comme de gauche, sont pour toutes les réformes à condition que celles-ci ne bousculent pas la réalité.

Une réalité devenue un peu trop compliquée pour leurs ambitions.