temps politique: un voeu pieux

En ce début d'année, il me revient en mémoire un marronnier de la vie politique française. Il s'agit de l'hypothétique recomposition politique.

Pour que la vie politique se recompose , il faudrait qu'elle arrête de se décomposer.

D'abord ,il y a eu la petite secousse du front national aux dernières élections régionales. L'opinion ne s'est pas trompée. Il ne s'agissait pas d'un séisme . Le front national n'a obtenu aucune région . Les français ont rétabli l'équilibre de la balance au deuxième tour. Simplement , le monde politique et médiatique ont pris conscience de la fin de la bipolarisation de la vie politique française. C'est l'aboutissement d'un long processus qui a commencé avec le tournant européen de 1983 mal négocié par François Mitterrand. Celui-ci n'a pas su réconciler la gauche avec le libéralisme. Jacques Delors avait esquissé le début d'une europe sociale et pas seulement obsédée par la finance. Mais jacques Delors ne s'est pas présenté à l'élection présidentielle qui reste le phare de la vie politique française.La gauche s'est divisée en deux. D'un côté des sociaux- libéraux qui l'étaient sans oser l'avouer. De l'autre les souverainistes une minorité vite rejointe par une partie de la droite, de l'extrême droite et de l'extrême gauche.Le schéma est un peu simpliste mais pas si éloigné de la réalité.

La décomposition de la vie politique française était en marche.

L'abus de la politique marketing inspirée des Etats Unis a fini d'achever notre vie politique nationale.

Le débat se focalise désormais sur l'Europe et le libéralisme. Mais la recomposition est incertaine, tant à l'intérieur de chaque camp les querelles de personnes ou de sémantiques occupent le terrain de l'idéal.

L'extrême gauche est de plus en plus souverainiste par haine du capitalisme. Les écologistes deviennent des caricatures d'eux mêmes  et scandent des slogans dictés par le nouveau commerce des produits dérivés de l'écologie.Ils sont complètement dans la société libérale libertaire mais ils n'osent pas rejoindre le camp des partisans du laisser faire.

Le grand parti du centre social , libéral , étatique n'existe pas au contraire du grand parti de droite qui va de Sarkozy à Le Pen.

Mais les postures même étudiées ne font pas une politique. Elle ne remplacent pas la nécessaire réflexion sur notre 5ème république.

Le dernier débat sur la déchéance nationale donne une image bien piteuse de notre vie politique.Au lieu de concentrer nos efforts sur l'emploi, nous nous perdons dans des querelles de signification. Nous privilégions la forme au fond. L'inscription de la déchéance nationale  dans la constitution est une mesure essentiellement symbolique. Cette inscription n'est pas obligatoire surtout que des cas de déchéance ont existé dans le passé sans qu'ils suscitent autant d'émoi médiatique.

Cette inscription a sans doute pour objet d'éviter tout contentieux ou recours ultérieur. Une procédure judiciaire  serait en effet indécente pour des faits d'une telle gravité. Par ailleurs , la minorité qui serait touchée par la mesure purgerait sa peine en France.  La question risque donc de se reposer seulement dans 20 ans.

Est-ce que  la 5ème république  existera toujours dans sa forme actuelle dans 20 ans?

Pour toutes ces raisons, on a l'impression d'assister plutôt à une décomposition qu'à une recomposition. Celle-ci reste un voeu pieux des politologues.