L'idée qu'on s'en fait : la contre révolution à géométrie variable

Pour sortir du brouillard dans lequel nous plonge la modernité politique, il faut avoir les idées claires. Notre époque aime la nouveauté et la jeunesse. Elle aime la rapidité et la souplesse. Les pesanteurs sont bannies. Macron a incarné une certaine modernité  au cours de la campagne présidentielle. Cette modernité  que l'on retrouve dans les romans d'aujourd'hui. Les personnages parlent d'eux mêmes ou de leurs proches. Ils sont dans la société mais ils se posent souvent en juges plus qu'en acteurs. Philippe Sollers avait déjà inventé cette manière de parler de soi en permanence en faisant semblant de s'intéresser aux autres. Il en est de même pour les nouveaux partis politiques: LRM et LFI . Il est d'ailleurs étonnant que ces nouveaux partis comportent tous les deux trois lettres ,étrange similitude.

L'article de patrick Roger dans le monde du 16 septembre 2017 nous aide à y voir clair.

Ces nouvelles organisations politiques s'inspirent de formes d'organisation anciennes. LRM et LFI ont en commun le culte de la personnalité. Alors que les anciens partis fonctionnaient de bas en haut, les nouveaux mouvements fonctionnent du haut vers le bas. Les discussions horizontales entres les adhérents qui ne payent pas de cotisation sont l'alibi démocratique. Cet alibi cache le fait que les adhérents ne peuvent prendre aucune décision. On atteint ainsi les limites de la démocratie participative. Les gens peuvent s'exprimer mais ils n'ont aucune influence sur le processus de décision. En quelque sorte , les adhérents s'anesthésient  eux mêmes. On en vient à regretter les anciens partis. Certes les places étaient réservées aux relations proches des apparatchiks mais de temps en temps les militants pouvaient influencer la ligne politique à l'occasion des congrès.

Pour couronner le tout ,le tirage au sort est présenté comme le must en matière démocratique à cause de sa référence grecque. Il augmente pourtant la part d'incertitude des adhérents qui ne peuvent choisir leurs représentants ou se regrouper en tendances politiques  Toute décision individuelle ou collective se fond dans l'avalanche des textes censés synthétiser l'aspiration commune.  Mais le socle commun est fabriqué en haut par les personnes autorisées.

Nous vivons une époque formidable où tout ce que nous touchons est moderne. L'apparence de démocratie sert d'alibi au manque de démocratie et à l'éternelle domination des puissants.

Un autre acteur politique pourtant peu moderne nous éclaire sur notre destinée politique. Il s'agit de gérard Filoche samedi sur France culture . Selon lui, la révolution macronienne est en fait une contre révolution. Une tentative de prendre l'histoire à rebrousse poils sous prétexte de dépoussiérer l'ancien monde. C'est mieux qu'une restauration de l'ordre ancien. C'est pour cette raison que Macron a pu battre ses concurrents à l'élection présidentielle.Faire passer des idées anciennes avec un langage  dans l'air du temps. Filoche tient également un propos intéressant en évoquant la contre révolution de Staline. Celui-ci a instauré un régime autoritaire en se réclamant de l'idéologie communiste.  On peut donc tromper l'histoire et les peuples avec des symboles et une communication verrouillée. Macron n'a cependant rien à voir avec Staline.

Cette parenthèse nous rappelle simplement qu'en politique , il ne faut pas se laisser abuser par les mots. On ne devrait pas employer le mot révolution  sans réfléchir au sens de ce mot.

Il semble que la contre révolution est en marche et que seul l'esprit critique peut nous aider à y voir clair. Faisons confiance pour cela au temps et aux avis éclairés qui commencent à émerger.