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Politique et réalités

Politique et réalités

Faits politiques, commentaires, analyses, portraits, dossiers, présentation de livres pour mieux appréhender le monde actuel.


Temps politique: la fin du libéralisme

Publié par Philippe Soulier Champeval sur 30 Septembre 2018, 11:12am

Il semble que le libéralisme et son idéologie simpliste soient passés de mode.

Vouloir faire reposer les bases d'une société sur le seul accroissement des libertés individuelles, une croissance exponentielle, une consommation effrénée est une gageure qui trouve ses limites.

Au moment où pour la première fois de son histoire, la France se dote d'un président ouvertement libéral,  le libéralisme semble en perte de vitesse.

Nous n'avons pas voulu tirer les leçons de la crise financière de 2008.

Celle-ci était un avertissement.

Pourtant, la crise a été résolue parce que la sphère publique est venue au secours du secteur privé qui avait failli, mu essentiellement par un désir de profit illimité.

Le monde occidental a trouvé normal que les dettes privées soient renflouées par l'Etat. Les Etats-Unis ont digéré les faillites successives de leurs entreprises et de leurs collectivités locales. Tout est reparti grâce à la politique et à la nouvelle idéologie nationaliste. Lorsque le système capitaliste déraille, il comble le vide organisationnel par le trop-plein populiste. 

La faillite du système a provoqué l'essorage des politiques publiques. Celles-ci ne peuvent subvenir à tous les besoins. Les mécontentements et les inégalités croissent. Une partie du peuple dépité se jette dans les bras de l'extrême droite, roue de secours d'un système à bout de souffle.

La montée de l'extrême droite est favorisée par un discours dominant qui martèle son idéologie au quotidien :

-"Il faut réduire les dépenses publiques";

-"La dette menace l'Etat";

-"Il faut libérer le travail";

-"Les charges sont trop lourdes";

-"Notre système est trop coûteux";

-"Nous sommes envahis par une vague d'immigration".

Un discours plus pragmatique consisterait à montrer qu'il faut distinguer les dépenses publiques utiles et les gaspillages qui ne servent pas l'intérêt général. Une renégociation de la dette au niveau européen redonnerait des marges de manoeuvre aux Etats. Une relance de l'investissement au niveau européen permettrait de libérer les initiatives. Les besoins ne manquent pas: les ponts sont délabrés par manque d'entretien et nous avons besoin d'une politique volontariste en matière d'environnement.

Les libéraux tentent de nous persuader que le débat droite-gauche appartient aux temps préhistoriques. Tout cela parce qu'une certaine gauche, tel Ulysse sur son bateau, n'a pas su résister aux sirènes du libéralisme et au dogme de la croissance.

Des institutions réputées comme le FMI, l'OCDE, la BCE, la Commission de Bruxelles, multiplient les rapports (le Monde "un programme économique clé en main pour la gauche"antoine Reverchon") préconisant la hausse des salaires et des investissements publics, la réduction des inégalités, la mise au pas de la finance de l'ombre et des paradis fiscaux, une fiscalité plus progressive et redistributive, l'abondance de la liquidité sans craindre l'inflation, le rééquilibrage du commerce entre pays excédentaires et déficitaires."

Les livres souhaitant une autre politique foisonnent. Pierre Rosanvallon appelle la gauche à réfléchir sur son histoire intellectuelle, Eric Heyer, Pascal Lokiec et Dominique Meda nous disent qu' "une autre voie est possible" et Gilles Raveaud est persuadé "qu'on n'a pas tout essayé" (référence à la phrase célèbre de Mitterrand). 

Antoine Reverchon nous rappelle que de nombreuses mesures sont abandonnées sur l'autel du dieu libéralisme :

la taxe sur les transactions financières, la non comptabilisation des investissements publics "structurels" dans les critères de maastricht, l'extension de la csg, la taxation des successions (cf. le renoncement récent de Macron), la taxe carbonne aux frontières, les territoires zéro-chômeur, le salaire minimum européen, le grand emprunt financé par la BCE, la TVA européenne, la taxation des multinationales sur leur chiffre d'affaires, un impôt européen. 

A force de nous répéter qu'une seule politique est possible, le commun des mortels finit par se désespérer. L'avenir serait bouché selon les tenants de l'idéologie libérale. La novlangue chère à Orwel (1984) nous persuade que les raisonnements déviants font partie de l'ancien monde devenu ringard. 

Mais la meilleure volonté du monde ne parviendra jamais à ringardiser l'aspiration à la justice sociale.

Communication n'est pas raison.

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