J'écoutais déjà Alain Duhamel dans les années 70 sur Europe 1 vers 07 h 20. J'étais adolescent. La gauche sous la houlette de Mitterrand élaborait son programme commun. En 1981, le soir des élections, je me rappelle les moqueries à propos de la tête décomposée de Jean-Pierre Elkabbach apprenant la victoire de la gauche.
Duhamel a accompagné la vie politique française et a dominé le commentaire politique depuis plus de trente ans. La longévité de nos commentateurs n'a d'égale que celle de nos hommes politiques. Pourtant, ce portrait était très sobre. Comme si Alain Duhamel n'était pas fier de son parcours. Pas un mot sur les livres qu'il a écrits. Au contraire, il a insisté beaucoup sur le caractère éphémère de ses commentaires. On prête ce mot à Mitterrand : "Il n'y a rien de plus vieux que le journal de la veille." Manifestement, il y a encore plus vieux : un commentaire d'Alain Duhamel. Qu'en est-il de ses analyses ? Que reste-t-il de nos amours politiques ? Une certaine angoisse relevée par Jean-Pierre Elkabbach dans le jardin des Tuileries. Ce portrait était un peu triste comme la politique française aujourd'hui. Sans grand éclat, trop pudique, pas très lyrique. L'engagement est devenu vain dans un monde incolore et inodore (L'argent n'a pas d'odeur).