Nous sommes de plus en plus nombreux à penser que les critères imposés par le monde capitaliste ne sont plus pertinents.
Il est paradoxal de parler de compétitivité en France alors que notre pays atteint pour la deuxième fois de son histoire un pic au niveau du chômage. A la lecture des statistiques, on peut penser que la course folle à la compétitivité n'a pas donné les résultats escomptés.
Le système capitaliste devrait donc se remettre en question comme le fait tout sportif aprés une cuisante défaite.
La crise financière de 2008 a entrainée les états dans une spirale infernale qui les oblige à combler leurs déficits. Ces déficits essentiellement dus au dérèglement d'un système qui place la cupidité comme valeur suprême. Pire, au lieu de proposer une réforme globale de son fonctionnement, les tenants de l'ordre établi proposent de poursuivre dans la voie qui nous a conduit à une impasse.
L'un de ces fameux critères est le critère de compétitivité. Or il apparaît que les fondements de ce critère , véritable dogme de "l'église du tout marché" repose sur des matériaux friables pour employer le langage du batiment symbole d'une économie prospère.
Le sentiment qu'il faut améliorer la compétitivité de l'économie française est pourtant largement partagé par la classe politique.
En France , les sermons de soutien au dogme absolu sont nombreux:
Alain Juppé , "le vrai problème de l'économie française, son manque de compétitivité"
Jean-françois Coppé, " la compétitivité de notre industrie , une priorité absolue"
Jean-Marc Ayrault a conclu la conférence sociale des 9 et 10 juillet en fixant un objectif: "améliorer la compétitivité de nos entreprises"
M Pierre Moscovici: " le gouvernement est pleinement décidé à affronter le défi économique de la compétitivité"
En 2000, la stratégie de Lisbonne fixait un nouvel objectif à l'Union européenne, " devenir l'économie de la connaissance la plus dynamique et la plus compétitive du monde"
On voit le résultat et on mesure l'étendue du chemin à parcourir.
En fait , il semble que cette théorie de la compétitivité est inspirée des théories de management développées dans les écoles américaines. En fonction du fameux contrôle des coûts de production, les pays sont classés comme des entreprises en milieu concurrentiel, les territoires n'échappent pas à cette nouvelle idéologie. Tout est soumis à la concurrence dans un environnement forcément hostile. A ce stade de la réflexion, plusieurs remarques s'imposent.
1) A la rigueur , nous pourrions accepter le dogme de la baisse des coûts si nous étions vraiment dans un environnement concurrentiel. Or , les ententes sont nombreuses et les pressions des lobbys faussent la règle du jeu. Que propose l'OMC pour améliorer le système d'échanges mondiaux?
2) L'Europe a été fondée pas seulement pour imiter les Etats Unis mais pour proposer un modèle original. Nous sommes dominés par la pensée économique anglo-saxonne, d'essence libérale mais surtout partisane. En effet , un penseur comme Adam Smith , penseur économique libéral ( la richesse des nations), a toujours soutenu que l'intérêt général devait primer les intérêts particuliers. Il faut le relire d'urgence. Sa relecture mettrait en lumière que sa pensée a été déformée par les théories des nouveaux libéraux droitiers qui ont sévi aux Etats Unis à partir des années 80 ( avec l'arrivée au pouvoir de R. REAGAN) Parallèlement , le contraire d'Adam Smith , Karl Marx a lui aussi été pillé par des théoriciens peu scrupuleux à des fins idéologiques.
Ce qui est inquiétant , c'est que nous sommes en 2012. Nous venons de subir une crise comparable à celle de 1929 et nous ne voulons pas nous débarasser des vieux dogmes qui nous conduisent à l'abîme.
Les tenants d'un certain capitalisme ont échoué , il faut en tirer les conséquences
Arrêtons de répéter bêtement leurs théories éculées.
3) Le politique doit reprendre le dessus sur l'économique. L'europe qui est avant tout une construction politique doit montrer l'exemple. Appuyons -nous sur d'autre penseurs économiques plus soucieux de l'intérêt général.
Un homme d'état est un homme politique qui anticipe les évènements de façon à tracer un chemin .
Ce n'est pas celui qui aboie avec la meute des affamés.
* cf le Monde diplomatique d'octobre 2012 "la compétitivité ,un mythe"