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Politique et réalités

Politique et réalités

Faits politiques, commentaires, analyses, portraits, dossiers, présentation de livres pour mieux appréhender le monde actuel.


Tribune libre: section du parti socialiste de l'aisne.

Publié par Philippe Soulier Champeval sur 1 Avril 2013, 17:43pm

Catégories : #Entretiens & Débats

Je n'ai pas vraiment été très attentive à l'intervention de Hollande, je l'avoue.

Queuille a dit "les promesses n'engagent que ceux qui les écoutent". Je suis donc passée très tôt d'un soutien actif pendant la campagne présidentielle à une critique objective du nouveau pouvoir.
Je ne regrette aucunement mon vote, finalement. Sarkozy n'aurait de toute manière jamais tenu la distance face à la merde dans laquelle se trouve le pays. Cela a beau fanfaronner dans tous les sens à l'UMP, je trouve que Hollande tient bien le choc, face à une situation pareille: d'autres auraient eu une autre image que celle du gentil mou qui sourie béatement, dont on veut l'affubler. D'autres auraient été moins sympathique.
Les français adorent détester leur président. Il n'y a guère que dans la cohabitation qu'ils l'encensent. Et la cohabitation n'est pas pour demain.
Que peut-on retenir de l'interview de Hollande.
Il a hérité d'une situation pourrie, le chômage galope, le pouvoir d'achat recule. C'est clair que ce ne sont pas les meilleures auspices qui soient. A l'évidence, il savait que ça allait chauffer pour son matricule, mais pas autant. Bon, faut dire qu'il a la responsabilité maintenant de tout ce bouzin sans l'avoir créé.
Les mesures proposées? Rien de révolutionnaire. Tout a l'air bien sur le papier. Encourager l'artisanat, limiter les allocations pour les plus riches, continuer l'effort...oui, mais quelles mesures concrètes préconisera la gouvernement? Là est l'interrogation, en fait.
Sur la PMA, elle ne sera pas étendue aux couples de lesbiennes vraisemblablement. Cela n'était pas dans ses promesses.
Il a parlé du cumul des mandats. Bien, mais quand?
La taxe de 75% sera mise en oeuvre pour les entreprises: avant ou après que les actionnaires aient pris leur dîme? Sinon, cela pourra être néfaste, avant, cela encourage à réinvestir mais pas après.
C'est une dimension à prendre en compte: la Recherche et Développement, la fameuse RD, est au plus bas, or, on ne peut que constater que sans réel réinvestissement vers l'avenir, sans modernisation des outils productifs et sans innovation, une entreprise périclite. Seulement, on a pris l'habitude de servir en premier les actionnaires quand on distribue les bénéfices. Ceux-ci sont gourmands et laissent des miettes pour le réinvestissement nécessaire à la pérennité d'une entreprise. La seule solution est de rendre plus rentable, y compris pour les actionnaires, le réinvestissement des bénéfices. Cela a l'air pourtant simple mais personne ne s'est encore lancé dans cette démarche réellement, y compris ceux qui encensent les mécanismes du marché, qu'il ne faudrait pas perturber...quelle ironie...
La participation aux bénéfices pour les salariés est aussi un vrai chemin afin de faire remonter le pouvoir d'achat. Elle est courante en Allemagne et marche bien. En France, c'est encore un sujet tabou.
Une bonne chose dans les annonces de Hollande : simplifier les normes. Par exemple, on doit souvent remplir des formulaires à la main au lieu de directement les remplir sur Internet. On fait l'expérience souvent: si vous cherchez un formulaire, il n'est qu 'imprimable, pas directement accessible pour le remplir. Or, cela coûte du temps et de l'argent pour tous. Au sujet des entreprises, c'est encore pire. Les limites de vouloir tout fliquer et contrôler...
Au sujet de la Syrie, il semble qu'on ne s'achemine pas vers une aide trop directe à la résolution du conflit. Mais on a vu avec le Mali que ce que dit Hollande n'est pas éternel dans le temps. D'ailleurs, on nous reparle de ces fameuses élections qui vont se dérouler en juillet...soyons un minimum optimiste, même si je ne suis pas sure que le chef militaire qui a accédé au pouvoir soit vraiment enclin à partir. On connaît la situation. Je ne rajouterai rien à ce que j'ai déjà dit sur cette guerre mais n'en renie rien non plus.
Il y a eu un passage intéressant sur la rigueur dont Hollande ne veut pas...oui, mais on n'a pas ici une vraie preuve d'une politique de relance. Les mesures sont vagues. La précarité et les tensions s'installent. Oh, je sais qu'il faut rester optimiste. De toute manière, se lamenter sur son sort ne sert à rien mais force est de constater que pour le moment, il n'y a guère de signal fort en direction des plus faibles. Et cela dure depuis le début.
C'est quoi, un signal fort? Une mesure qui fait que celui ou celle qui ne roule pas sur l'or se dise, tiens, le gouvernement a annoncé telle mesure et bien, je vais la sentir de suite dans mon quotidien, qui va s'améliorer grâce à cela. Pour l'instant, on ne voit rien de tel: il y a eu des augmentations d'impôts, sans doute nécessaires, oui. Des coups de pouce, des mini-mesures, des politiques dont on nous dit qu'elles prennent du temps. Le temps, c'est souvent ce que les gens démunis gèrent moins. Ils ont un mois à chaque fois pour payer un loyer, quelques jours pour des factures diverses, des échéances...
Les dernières mesures prises au Sénat ont été pour instaurer une journée de la Résistance au 27 mai, et pour abolir le délit de racolage...et certains râlent pour abolir la prostitution...sujet qui touche tout le monde, faut dire. Ah non?
Un député veut déposer une proposition de loi pour abolir la fumée dans les voitures quand il y a des enfants. Tout le monde fumerait-il? Ah non? Ah bon.
Tiens, Hollande est revenu sur le voile islamique, non, pas pour stigmatiser mais c'est un passage obligé pour un président, faut croire...sujet qui touche tout le monde, le mahométisme est-il devenu la religion dominante en France? Ah non? Ah bon.
Je ne hurlerai pas avec les loups néanmoins. On ne me fera pas dire que Hollande n'a pas de qualités ni que son action n'a pas des retombées positives.
Mais je terminerai juste avec une phrase, que j'ai dite à un commentateur récemment: on a la classe politique que l'on mérite.
Depuis quand, certains, qui n'ont pas l'excuse de la précarité, ne se sont pas levé le matin en se disant, je vais faire des trucs bien aujourd'hui, je vais faire quelque chose de bien dans ma vie, j'ai des projets, je suis positif, je vais de l'avant et je cherche à aider les autres et mon pays...au lieu de cela, ça râle, c'est mécontent, ça incrimine l'autre , y compris le politique, au lieu de se bouger les fesses et ça cherche uniquement à sauvegarder ses pauvres acquis, y compris si cela sous-entend écraser les plus faibles ou ceux qui sont différents. Avec une mentalité pareille, comment voulez-vous qu'on s'en sorte? Il y aura toujours un type qui se sentira supérieur et méprisera l'autre, de toute manière, dans ce schéma de pensée...
Le changement, s'il ne vient pas aussi de nous, il n'arrivera pas. Ou alors, d'autres le feront à notre place, et pas dans la direction que l'on souhaite.
Sur ce, je vous laisse avec la citation de Destouches sur la critique:
la critique est aisée mais l'Art est difficile.
Cela vaut autant pour Hollande que pour chacun de nous.
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