La polémique sur le respect de la vie privée des chef de l'Etat a quelque chose de surréaliste.
Elle n'a pas lieu d'être.
Un personnage public n'a pas de vie privée.
Louis XIV l'avait bien compris. Il était en représentation permanente devant un cénacle de gens influents qui s'empressaient de rapporter les choses vues. Louis XIV s'en moquait. Son lever, ses repas , son coucher étaient observés. Il n'en avait cure. Il savait qu'il pouvait censurer tout propos ou écrit subversif. La censure était partout. Ce n'est donc pas l'institution ni la fonction qui fait le monarque mais sa personnalité et son ouverture d'esprit.
François Hollande sait que sa vie privée est observée. Il sait aussi qu'en république, il ne peut museler les moyens d'information. Il n'a donc pas d'autre choix que d'assumer sa fonction et de la théâtraliser à son goût afin de lui donner une certaine respectabilité.
On ne naît pas respectable, on le devient.
Sous la 5ème république, la désacralisation de la fonction a commencé avec Pompidou.
Celui-ci nous est apparu boursouflé , rongé par la maladie. On mesure à quel point l'image a contribué à désacraliser la fonction présidentielle. Les présidents ont du jouer avec leur image. Une fois arrivé au pouvoir, ils ont été sans cesse tiraillés entre le désir d'assumer Leur fonction et d'être proches de leur peuple. L'autorité se partage. Les monarques voulaient aussi être aimés.
Giscard inventa le repas chez l'habitant. Mitterrand restaura une certaine pompe et mena une double vie jusqu'au jour où il dévoila tout à une opinion publique ébahie. Sa maladie, sa maîtresse mais aussi son courage et son sens du destin.
Chirac était pressé. Il le fut moins au pouvoir. Personne ne comprit sa faiblesse à la fin de sa vie politique tellement celle-ci ne correspondait pas à son personnage.
Sarkozy voulut se jouer des médias. Ce fut les médias qui jouèrent avec son image. Au point de fabriquer l'anti-sarkozysme.
Les hommes publics,nos dirigeants ne peuvent échapper à l'opinion publique parce qu'ils en ont besoin pour rentrer dans l'histoire.
Vie publique ou vie privée . Non , vie publique et vie privée devant l'histoire.