Temps politique: la grande confusion

La république est brandie comme un flambeau.

A droite, on l'invoque pour retrouver des valeurs perdues et pour se blanchir de toutes les turpitudes. L'évasion fiscale, les élections truquées, les querelles de personnes, les ambitions inavouées se noient dans le verre d'eau républicain.

Au fond , il ne reste plus qu'une épaisse crasse.

Sarkozy nous a sorti un beau discours plein de références républicaines . On s'émeut à la manière de Giscard. Et puis on oublie. Ce catalogue de bonnes intentions, il n'y a qu'à la messe le dimanche qu'on peut l'entendre. Ou à un meeting de Sarkozy un samedi après midi de désoeuvrement militant.Juste un petit peu ringard les Raffarin, Fillon, Daubresse, dans leurs costumes un peu trop classiques avec leurs cravattes bien ajustées. (tout le contraire  de Hollande)

On aurait pu trouver le discours consensuel s'il n'y avait pas eu l'éternelle litanie  droitière sur les impôts toujours trop lourds et les charges toujours trop pesantes. Un homme de droite se sent toujours épié , contrôlé, menacé dans sa liberté d'entreprendre ... pour sa famille ... politique. Les siens, ceux qui veulent s'enrichir toujours plus sont entravés par un fisc tatillon et emmerdant pour tout dire. Alors oui ,vive la liberté bancaire !

Le gentil Juppé nous a sorti un catalogue plus consensuel  mais il courbait la tête comme s'il désespérait de convaincre ceux qui avait sifflé sa tempérance auparavant.

De l'autre côté, on panthéonise à tout va. 

Non que les panthéonisables ne le méritent pas . Leurs souffrances méritent  respect. Et leurs portraits géants sacralisent leur  mémoire.

Mais combien d'anonymes mériteraient que leurs portraits s'affichent dans Paris. Le vrai peuple de gauche , ce sont ces gens qui se sont sacrifiés pour une certaine idée de la justice et de la démocratie. Le peuple qui mérite le respect de la nation, ce sont ces anonymes qui sans un mot sont morts fusillés en ayant dans la tête la libertée chérie.

La gloire est élitiste. Le désir de gloire se conjugue mal avec l'abnégation.

Il est vrai que la méritocratie est républicaine. Mais tous les méritants n'ont pas été reconnus par la république. Il faudrait une légion d'honneur pour les anonymes.

Où est la république introuvable?

Dans ce jargon pédagogiste et pédant qu'on nous sert à tous les repas pour réformer une éducation nationale qui collectionne le ministres à défaut de résorber les inégalités?

Dans ce politiquement correct qui refuse de nommer les problèmes par peur de déplaire? L'obsession du paraître nuit à la vérité. 

Arrêtons d'évoquer cette période de notre histoire ( la seconde guerre mondiale ) qui fut aussi une période de grande lâcheté avec ses lettres anonymes et ces renoncements successifs. Pour un héros, combien  d'indifférents ? Cette époque nous rappelle trop la nôtre. Passons à autre chose. Les nouvelles technologies peuvent nous aider à y voir plus clair à condition qu'elles servent le pluralisme et non le conformisme et le formatage.

La république, oui, mais pas la république des clones.