Jean-Marc Ayrault, président des députés PS, a jugé mardi que François Hollande avait "voulu frapper fort", "dire que l'indécence ça suffit!", en proposant d'imposer à 75% les revenus au-dessus d'1 million d'euros par an.
En proposant de créer un taux d'imposition à 75% pour les très hauts revenus, François Hollande a suscité un débat qui s'est amplifié mardi, la gauche défendant une mesure de "justice", Nicolas Sarkozy moquant un "amateurisme consternant", François Bayrou parlant de "déconnomètre".
En déplacement à Montpellier mardi, Nicolas Sarkozy a dénoncé "une impression d'amateurisme assez consternante".
Lundi soir, cette annonce avait en effet semblé prendre au dépourvu Jérôme Cahuzac, en charge du budget l'équipe de campagne Hollande: "je ne sais trop que vous dire", "j'attends de voir".
"C'est la surprise du chef... mais le chef a toujours raison", commentait mardi un député socialiste dans les couloirs de l'Assemblée.
Le directeur de campagne, Pierre Moscovici, a pris la défense de cette "mesure de justice". "'Oui, elle est forte, elle est assumée et je la revendique". Selon lui, elle s'appliquera à peu de Français, entre 7.000 et 30.000 selon les calculs.
Après la crise de 1929, a dit Jean-Marc Ayrault, président des députés PS et conseiller spécial de M. Hollande, "Roosevelt a frappé fort, il a demandé un effort à tout son pays" et "nous, nous demandons un effort à tous les Français pour redresser la France (....) mais il n'y aura pas d'effort accepté par les Français s'il n'y a de justice!", a-t-il expliqué.
"C'est un signal fort supplémentaire qui est en cohérence avec son projet fiscal", a plaidé Ségolène Royal, la candidate PS de 2007, démentant toute improvisation.
Le Front de gauche de Jean-Luc Mélenchon a vu lui "une intention louable", mais qui restait "loin du compte".
L'UMP a pilonné cette proposition tout au long de la journée: c'est un "impôt spoliateur" qui "n'existe nulle part" ailleurs, a affirmé le rapporteur général du Budget à l'Assemblée nationale, Gilles Carrez (UMP).
"Fuite en avant fiscale", "confiscation fiscale", a commenté mardi Alain Juppé (Affaires étrangères). "Marxisation du PS", a affirmé Christian Jacob, chef de file des députés UMP.
Pour le président de l'Assemblée nationale Bernard Accoyer, M. Hollande veut "chasser de France les quelques riches qui peuvent y rester".
La candidate FN Marine Le Pen a épinglé une mesure "complètement absurde et idéologique". "Ce n'est pas de la politique ça, c'est un coup médiatique en réalité".
Le candidat centriste, François Bayrou, a été moqueur, citant Michel Audiard: "le déconnomètre marche à plein tube". Le pourfendeur de la "sarkhollandisation" y a vu "la méthode Sarkozy", d'annonces à tout prix "non réfléchies".
Nathalie Arthaud (LO) a moqué une "mesurette" avancée par celui qui "deux semaines après avoir rassuré les financiers de la City", "fait les gros yeux aux très riches".
Le candidat Dominique de Villepin a dit craindre que "la gauche ne veuille frapper trop fort" et que les conséquences économiques "soient tout à fait désastreuses".
L'ex-secrétaire d'Etat Rama Yade a été entendue lundi par la police dans le cadre de l'enquête préliminaire concernant les soupçons pesant sur son inscription électorale à Colombes (Hauts-de-Seine), ont annoncé mardi à l'AFP des sources proches de l'enquête.
Le parquet de Nanterre a confié à la brigade de répression de la délinquance contre la personne (BRDP) de la police judiciaire parisienne cette enquête, lancée après un signalement du maire PS de Colombes.
Elue municipale et conseillère régionale PR, Rama Yade brigue la circonscription d'Asnières-Colombes-sud aux législatives de juin.
Contactée par l'AFP, Rama Yade n'était pas joignable dans l'immédiat pour commenter cette audition qui, entamée lundi en milieu de journée, "a duré près de trois heures", selon une autre source proche de l'enquête.
L'ex-secrétaire d'Etat aux Droits de l'Homme avait été radiée "d'office" le 15 décembre des listes électorales de Colombes parce qu'elle ne justifiait pas de son attache avec la ville.
Mme Yade avait toutefois nié sa radiation, invoquant un "simple changement de bureau de vote consécutif à un changement d'adresse".